6.10.12

L'ARGENT N'A D'AUTRE ODEUR QUE NOS RIVIERES DE BAVE & LA VERTU REFOULE DES MASSES

Les handballeurs montpelliérains écrasent la discipline depuis une bonne quinzaine d'années dans le pays. Championnats en pagaille, médailles d'or en veux-tu en voilà, il reste un peu de Jeny Priez je vous le laisse c'est cadeau ?

Ils ont fini par atteindre le sentiment d'être invulnérables, à un point tel que la décision de gagner ou perdre un match, à la fin, dépendait de leur seule volonté. Ils avaient les clés, tout le putain de trousseau, et l'adversaire en face n'avait qu'à attendre qu'on lui dise où se mettre sans la ramener. Et il ne le restait jamais bien longtemps, en face. Ça se passait comme ça pour ces « sans cesse champions » et cette histoire de paris un peu louches n'est que le seul terminus contre lequel ils pouvaient aller se faire plier la carlingue dorée. Quand tout devient trop facile, on finit par ne plus prêter attention aux barrières. Peu importe que la barrière ressemble à une falaise écorchée avec une mer déchaînée trois kilomètres et demi plus bas. Qu'elle aille se faire foutre y a pas marqué Philippe Mexès.

Fatalement, certains ont voulu s'offrir un petit rabe de gâteau. Car le handball est actuellement le sport qui rapporte le plus de titres de gloire à la France, et ça commence à générer un bon paquet de pognon cette affaire. Il s'agit bel et bien d'un gâteau plein de bonne crème dégoulinante et ce qui se passe là, c'est que quelques goinfres s'en sont foutu partout sur le survet, et on a eu beau passer le truc à l'Ariel, rien à faire. Et les trop repus de vertu se sont soudain mis à la dégueuler un peu partout autour de la table. Mais le plus dérangeant, c'est que tout le monde semble avoir oublié qu'à l'ère de la thune et des combines qui vont avec, le seul crime est de se faire gauler, et vous pouvez lire tous les journaux (je ne parlerai même pas du dernier bastion de racolage encore légal que constituent les JT), personne n'osera dire que la seule faute de ces athlètes et de leurs complices est d'avoir été pris la main dans le sac. Présomption de rien du tout qui vaille.

La façon dont les handballeurs ont été jetés en pâture comme de vulgaires chicanos détrousseurs de vieilles péruviennes en dit long sur le malaise qui nous obsède tous. Cette soif immodérément baveuse de sentir un sacré poids de caillasse dans le porte-monnaie et la jalousie haineuse que ça entraîne si le voisin choisit d'en exhiber un bon paquet. Et si ledit voisin essaie en plus de retourner en sa faveur tout le système à sa disposition, ça devient carrément infâme n'est-ce pas ? Oui, ces sportifs honteusement couverts de gloire à qui tout réussit ont tenté d'abuser des quelques sirènes qui leur chantaient sous le nez. Mais il ne sont en fait que les produits bruts, ou plutôt la proie définitive du hameçon surchargé de bonne barbaque 18 carats qu'est devenu le siècle.

OK, toute cette merde de petits arrangements et de tricheries grossières n'est pas forcément justifiable dans l'absolu, mais quand l'absolu se change en bâfrerie décadente seuls les plus immoraux survivent. En plein dans une époque qui nous impose l'argent comme seule échelle de valeur un tant soit peu valable, essayer d'en attraper un peu au « vol » n'est plus un délit mais une capacité d'adaptation à son environnement plus développée que la moyenne. Et la seule raison pour laquelle nous ne nous y sommes pas tous mis, c'est qu'on n'a pas tous la combinaison du coffre. Qui refuserait d'aller remplir une grille d'Euromillions si on lui laissait au préalable la possibilité de voyager dans le temps jusqu'au prochain tirage ? La réponse risque d'être rudasse à formuler pour tous les mollardeurs faciles.

Et si, finalement, cette affaire exploitée jusqu'à l'indigeste qui a tant remué les bonnes consciences autoproclamées n'était que la nécessaire absolution de nos propres pourritures bien cachées dans le fond ? Une façon bien habile de faire diversion et de cracher un trop plein de bile pour vidanger nos bien peu appétissants égouts. On pourra dire que j'exagère, mais je n'ai pas beaucoup d'aptitudes en magasin, et l'une d'elles est de démasquer les faux-semblants de mes contemporains malgré toutes les épaisses couches de sourires bienveillants qui leur servent de bien pratique carapace. Ce qui vous paraîtra sans doute décousu et influencé de désenchantement est pour moi limpide comme de l'eau passée au filtre éclaircissant Photoshop. Je ne vais pas essayer de vous convaincre, mais seulement vous enfoncer une petite graine dans le temps de cerveau disponible. En priant pour que de la bonne vieille mauvaise herbe pousse là-dedans. Pour votre bien. Et le mien.

That's all fucking folks...

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