Les handballeurs montpelliérains écrasent la discipline depuis
une bonne quinzaine d'années dans le pays. Championnats en pagaille,
médailles d'or en veux-tu en voilà, il reste un peu de Jeny Priez
je vous le laisse c'est cadeau ?
Ils ont fini par
atteindre le sentiment d'être invulnérables, à un point tel que la
décision de gagner ou perdre un match, à la fin, dépendait de leur
seule volonté. Ils avaient les clés, tout le putain de trousseau,
et l'adversaire en face n'avait qu'à attendre qu'on lui dise où se
mettre sans la ramener. Et il ne le restait jamais bien longtemps, en
face. Ça se passait comme ça pour ces « sans cesse
champions » et cette histoire de paris un peu louches n'est que
le seul terminus contre lequel ils pouvaient aller se faire plier la
carlingue dorée. Quand tout devient trop facile, on finit par ne
plus prêter attention aux barrières. Peu importe que la barrière
ressemble à une falaise écorchée avec une mer déchaînée trois
kilomètres et demi plus bas. Qu'elle aille se faire foutre y a pas
marqué Philippe Mexès.
Fatalement, certains ont
voulu s'offrir un petit rabe de gâteau. Car le handball est
actuellement le sport qui rapporte le plus de titres de gloire à la
France, et ça commence à générer un bon paquet de pognon cette
affaire. Il s'agit bel et bien d'un gâteau plein de bonne crème
dégoulinante et ce qui se passe là, c'est que quelques goinfres
s'en sont foutu partout sur le survet, et on a eu beau passer le truc
à l'Ariel, rien à faire. Et les trop repus de vertu se sont soudain
mis à la dégueuler un peu partout autour de la table. Mais le plus
dérangeant, c'est que tout le monde semble avoir oublié qu'à l'ère
de la thune et des combines qui vont avec, le seul crime est de se
faire gauler, et vous pouvez lire tous les journaux (je ne parlerai
même pas du dernier bastion de racolage encore légal que
constituent les JT), personne n'osera dire que la seule faute de ces
athlètes et de leurs complices est d'avoir été pris la main dans
le sac. Présomption de rien du tout qui vaille.
La façon dont les
handballeurs ont été jetés en pâture comme de vulgaires chicanos
détrousseurs de vieilles péruviennes en dit long sur le malaise qui
nous obsède tous. Cette soif immodérément baveuse de sentir un
sacré poids de caillasse dans le porte-monnaie et la jalousie
haineuse que ça entraîne si le voisin choisit d'en exhiber un bon
paquet. Et si ledit voisin essaie en plus de retourner en sa faveur
tout le système à sa disposition, ça devient carrément infâme
n'est-ce pas ? Oui, ces sportifs honteusement couverts de gloire à
qui tout réussit ont tenté d'abuser des quelques sirènes qui leur
chantaient sous le nez. Mais il ne sont en fait que les produits
bruts, ou plutôt la proie définitive du hameçon surchargé de
bonne barbaque 18 carats qu'est devenu le siècle.
OK, toute cette merde de
petits arrangements et de tricheries grossières n'est pas forcément
justifiable dans l'absolu, mais quand l'absolu se change en bâfrerie
décadente seuls les plus immoraux survivent. En plein dans une
époque qui nous impose l'argent comme seule échelle de valeur un
tant soit peu valable, essayer d'en attraper un peu au « vol »
n'est plus un délit mais une capacité d'adaptation à son
environnement plus développée que la moyenne. Et la seule raison
pour laquelle nous ne nous y sommes pas tous mis, c'est qu'on n'a pas
tous la combinaison du coffre. Qui refuserait d'aller remplir une grille
d'Euromillions si on lui laissait au préalable la possibilité de
voyager dans le temps jusqu'au prochain tirage ? La réponse risque
d'être rudasse à formuler pour tous les mollardeurs faciles.
Et si, finalement, cette
affaire exploitée jusqu'à l'indigeste qui a tant remué les bonnes
consciences autoproclamées n'était que la nécessaire absolution de
nos propres pourritures bien cachées dans le fond ? Une façon bien
habile de faire diversion et de cracher un trop plein de bile pour
vidanger nos bien peu appétissants égouts. On pourra dire que
j'exagère, mais je n'ai pas beaucoup d'aptitudes en magasin, et
l'une d'elles est de démasquer les faux-semblants de mes
contemporains malgré toutes les épaisses couches de sourires
bienveillants qui leur servent de bien pratique carapace. Ce qui vous
paraîtra sans doute décousu et influencé de désenchantement est
pour moi limpide comme de l'eau passée au filtre éclaircissant
Photoshop. Je ne vais pas essayer de vous convaincre, mais seulement
vous enfoncer une petite graine dans le temps de cerveau disponible.
En priant pour que de la bonne vieille mauvaise herbe pousse
là-dedans. Pour votre bien. Et le mien.
That's all fucking folks...
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