Notes maladroites sur un envol heureusement foiré & la parole démente gicle enfin de sa propre cendre
J'ai bien failli y
rester. Il s'en est fallu d'un rien que je me laisse emporter la
dinguerie brouillonne quelque part dans le tourbillon vorace d'un
ciel aguicheur. Attiré par les chants de sirènes hallucinées vers
un endroit aussi bandant que de l'Eden édulcoré. Une perte de
contrôle à grande échelle et sur de trop longues distances. Une
perte tout court, totale, les freins pas mal cramés.
Comme souvent dans ce
genre de chute, on se rend compte qu'on tombe seulement lors de
l'accélération, pas au moment précis où ça trébuche, non, mais
bien après les 150 premiers km/h. Je ne me souviens donc pas à quel
moment j'ai perdu ce foutu contrôle, je me souviens juste de
l'instant où j'ai compris que j'étais en train de filer avide vers
des promesses foireuses.
Tout le merdier s'est
emballé lorsque j'ai décidé d'être convaincu que j'étais habité
d'un semblant de feu sacré. Putain, mes phrases étaient de plus en
plus souvent de vrais bijoux, de vraies prouesses d'écriture
énervée, et oui j'ai décidé que j'avais le « truc »,
presque le « it » de Kerouac et Cassady. Je me gourais
bien évidemment, les choses sont jamais si simples, mais pour un
type convaincu d'être un tas de boue avec des jambes, la chose avait
de quoi chambouler certaines routines de l'encéphale. C'était comme
donner une belle fleur à un boucher et lui dire « vas-y j'te
regarde ».
Ces derniers mois furent
donc une course effrénée vers le pire. Primo, j'ai identifié les
quelques rares clampins du « milieu » susceptibles
d'entendre les échos de la démente parole maison. C'était déjà
bien présomptueux, mais pourquoi s'arrêter en si mauvais chemin ?
J'ai lu les machins qu'ils éditaient et je vous laisse juger de ma
réaction : ça va être presque trop facile de se faire publier
par ces gens-là, même le plus mauvais de mes textes enterre en
deux coups de pelle rouillée toutes ces pages tellement creuses
qu'elles en filent le vertige... Je leur ai quand même donné un
échantillon du meilleur, persuadé de leur distribuer de l'or massif
à l'œil. Grossière erreur : on n'appâte pas les apôtres de
la laine vierge avec des pépites ardentes aux bords tranchants.
Car je me suis fait
gentiment éconduire. Toujours la même rengaine, pas assez ceci,
trop cela. Nulle part à sa place. J'ai la voix, la musique, le
rythme et toute une chiée de bonne came bien déglingue en magasin.
Mais je n'ai pas le label adéquat, ni assez bobo, ni assez décalé,
ni assez dark, ni assez drôle, ni assez d'histoires sur des
sushis qui partent en colo, ni assez de passages au Grand Journal, ni
assez de copains qui adoubent, ni assez malléable, ni assez dans le
vent, ni assez loin dans la marge, ni des j'en passe... Nulle part à
sa place. Un vagabond téméraire trop cinglé pour arriver à
destination, et trop seul pour s'arrêter en route.
J'ai donc bien failli y
rester, et le taré de Jésus m'en sois témoin, j'ai même créé un
blog pour apprendre à écrire comme eux tous, avec des histoires
bien molles. Mais je n'ai pas passé dix ans de galère à me
dégotter du calibre un peu tordu pour me faire chier à leur donner
du bien propre. Voilà, je m'étais réveillé. Tard, abîmé, mais
réparable. Et le remède, je l'avais dans la pharmacie, Nothing in
Excelsis, ça s'appelait.
Me voici donc en ce soir
de juin dégouttant de moiteur écrasante, comme aux bons vieux temps
presque oubliés. Avec l'ami Jack que je n'avais jamais touché
durant mon voyage vers les Cieux, la bonne vieille Camel aux lèvres
et des volutes à même les paupières. L'ambiance est à la brûlure,
plus besoin de l'air trop pur du Ciel, on peut tutoyer des tas de
sacrées cimes en rampant dans la bonne vieille cendre. Ceux qui ont
suivi des bouts de l'aventure première du nom sauront ce qu'il va se
passer ici. Les trucs que j'ai envie de raconter, souvent les mêmes
choses, quand et comment j'en ai envie, toujours avec ces tirades
démentes à rallonge, ces machins bancals à droite à gauche, bref
tout le foutoir extravagant maison.
Nothing in Excelsis, mon
seul havre, est à nouveau sur les rails, prêt à dérailler dans
tous les sens aussi souvent que nécessaire, et moi avec. Puis je
saurai désormais quoi répondre à ceux qui m'interrogeront sur la
signification de ce titre : j'ai été traîner dans l'Excelsis, et
c'est franchement vide comme endroit. C'est à se demander pourquoi
on y a foutu un soleil, là-haut.
That's all fucking folks...
J'imagine que t'es allé voir le diable au ciel, ou du côté de Vauvert ? Qu'est-ce qu'il t'a dit ?…
RépondreSupprimerJ'ai seulement arraché son déguisement de diablotin dans un geste théâtral, et tel le commissaire Juve je me suis écrié : Tinky Winky !
RépondreSupprimer